Archive: Avril 2015

Guinée : Ebola baisse les revenus des prostituées !

14/04/2015
par tamboulare

Quant aux prix, ils se négocient d’un point à l’autre et d’une fille à une autre. Entre 25 000 GNF, 40 000 GNF et 50 000 GNF par moment. C’est prix sont aussi cassables d’un client, une négociation est permise. Dans le cadre de la lutte contre l’épidémie, l’urgence sanitaire avait été décrétée par les autorités gouvernementales et sanitaires en interdisant les regroupements et les rites traditionnels, mais ces mesures n’ont pas connu long feu. Lors d’une promenade nocturne, nous voici à 22 heures au carrefour de ‘’Transit’’ à Taouyah dans la commune de Ratom. C’est une jeune fille qui vient à notre rencontre : « Bonsoir joli garçon, et veux-tu blaguer un peu avec moi ? Ce n’est pas si cher comme tu penses, juste 40 000 GNF ». Pendant que nous cherchons à négocier pour la nuit arrive un autre groupe qui casse le prix de la première. Pour chacune d’elle, 20 000 à 25 000 GNF. Une chaude discussion s’engage et nous profitons de la situation pour s’éclipser. A 2 heures du matin, la curiosité nous ramène à l’intérieur d’un bar connu, ‘’Le bar Nzérékoré’’ situé au carrefour de l’ex-‘’Hôtel Gbéssia’’ sur la transversale aéroport et Bambéto. Là, deux chambres de passage sont disponibles et les clients sont en file d’attente. Il y a plus de clients que de chambres. De 15 000 à 2 0 000 suffisent largement. Vers 3 heures du matin, nous revenons à l’aéroport où la situation est rocambolesque. Une femme d’une trentaine d'années nous interpelle : « Salut, êtes-vous prêts à vous réchauffer ? » Nous engageons la discussion. Mère de 3 enfants, selon elle, elle est obligée de se plier à cette pratique pour payer les frais d’études de ses enfant, car personne ne lui vient en aide. Tout de même, elle reconnaît la gravité de ce qu’elle fait et le risque auquel elle s’expose, mais elle déplore : « Avant Ebola, mon revenu nocturne avoisinait 250 000 à 300 000 GNF. Maintenant, tout le monde a peur et les clients viennent rarement, nous sommes obligées de casser les prix pour trouver au moins quoi manger le lendemain » . De l'avis de spécialistes, les liquides biologiques, les contacts directs avec un malade d’Ebola, le lavage des corps de victimes d’Ebola, le sperme et la consommation de la viande de brousse constituent des voies de contamination. Si la lutte contre Ebola est une préoccupation majeure des trois pays touchés par Ebola en Afrique de l’Ouest, il faut reconnaître que la présence du virus a causé une chute importante des revenus de certains professionnels du sexe en Guinée en cette phase terminale de l’épidémie.