Criminalité faunique: Deux trafiquants guinéens de chimpanzés mis aux arrêts à Boké !

27/11/2015

Criminalité faunique: Deux trafiquants guinéens de chimpanzés mis aux arrêts à Boké !

photochimpanzébokéC’est lors d’une opération conjointe du ministère de l’Environnement, de l’Interpol de Conakry et des agents de sécurité du commissariat central de Boké par appui technique de GALF (Guinée Application de la Loi Faunique) que deux trafiquants d’espèces animales protégées ont été arrêtés en pleine ville de la région de Kakandé le 24 novembre 2015.  Les deux  présumés trafiquants étaient en flagrant délit de détention et de commercialisation d’un bébé chimpanzé, espèce intégralement protégée.

Selon un des activistes de la lutte contre la criminalité faunique, c’est suite à une dénonciation faite au Procureur de la République faisant état d’un trafic illicite d’espèces animales protégées dans la région de Boké  par le projet GALF, basé du côté  de Conakry, qu’une infiltration a été faite pour démasquer le réseau. Ainsi, poursuit-il, après avoir infiltré le réseau, le Ministère de l’Environnement et des Eaux et Forêts a mis en place  une stratégie d’arrestation de ces deux  présumés trafiquants, mis en cause de capture et de commercialisation d’un bébé chimpanzé, espèce animale intégralement protégée. Après l’arrestation, précise-t-il,  Youssouf Camara et Alseny  Camara,  ont été conduits au commissariat central de Boké pour être entendu sur procès-verbal.

A l’image des autres  régions de la République de  Guinée, la région de Boké n’a pas été à la marge des campagnes et des sensibilisations de la population sur la protection de la faune et de la flore, initiées par des organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres Institutions spécialisées dans la protection de l’environnement.

Mamadou Saidou Déba Barry, coordinateur du projet GALF, explique : « Avant, le projet AGIR de l’Union Européenne avait  mené des campagnes de sensibilisation  sur la problématique de la préservation de la vie des chimpanzés et les autres animaux intégralement et partiellement protégés ». Ainsi, poursuit-il,  de 2007 à 2011,  l’Institut Jane Godall s’était aussi intervenu dans ce sens en utilisant tous les canaux de communication pour discuter avec toutes les couches sociales sur l’enjeu majeur lié à la protection de la faune et de la flore sauvage.

Malheureusement, déplore-t-il, certains individus continuent à s’aventurer dans ce trafic animal comme si les efforts consentis sont nuls et non avenir.

Prenant la parole, M.  Mamadou Conté, chef section Environnement et des Eaux et Forêts de Boké se dit de poursuivre ses investigations sur le dossier pour pouvoir démasquer le réseau. Et de poursuivre que, pendant au moins quatre ans, une ONG avait mené  ses actions de sensibilisations en utilisant les panneaux comme moyens de communication à tous les niveaux. Donc, conclut-il, la section Environnement et des Eaux et Forêts de la région de Boké est à pied d’œuvre pour continuer l’investigation et situer éventuellement la responsabilité de cet acte illicite.

Tout de même, il n’a pas manqué de soulever d’énormes difficultés logistiques liées à leur travail en ce concerne les patrouilles et des couvertures des zones : « Nous avons d’énormes problèmes liés aux moyens de déplacement pour la couverture des zones réservées. Pour nos déplacements entant que conservateurs de la nature, certains parmi nos éléments sont obligés de marcher à pied ou d’utiliser nos maigres moyens. Ces problèmes nous rendent la tâche très difficile. Nous sollicitons un appui de l’Etat pour résoudre ce problème.  ».

Quant au Col. Mamadou Bhoye Sow, point  focal de la lutte contre la  criminalité faunique auprès du Ministère de l’Environnement, la lutte engagée par le Gouvernement Guinéen contre la criminalité faunique  est une préoccupation majeure. Car, ajoute-t-il, la Guinée entant que membre de la Convention de la CITES (convention internationale sur le commerce des espèces de la faune et de la flore sauvage menacées d’extinction) est suspendue depuis 2013 et présentée comme le leader mondial de l’exportation des espèces animales intégralement et partiellement protégées. Selon lui, la machine de la répression de tout trafiquant faunique est mise en place afin de redorer le blason du pays aux yeux des institutions comme la CITES.

S’adressant aux expatriés basés du côté de Boké, Colonel Sow déclare : « Je mets en garde tout le monde y compris les expatriés qui sont là et qui font la commercialisation des animaux intégralement protégés. C’est le moment pour eux de mettre un terme au trafic animal dans cette région.  Nous sommes au courant et continuons avec les enquêtes pour mettre la main sur n’importe qui que ce soit et le soumettre à la rigueur de la loi. »

Les deux présumés trafiquants ont été déférés devant le parquet du Tribunal de Première Instance (TPI) de Boké  et mis sous mandat de dépôt à la prison centrale le mercredi 25 novembre 2015 pour le reste de la procédure judiciaire. Les enquêtes préliminaires ont conduit à l’arrestation d’une troisième personne qui, dit-on, serait impliquée dans ce trafic animal et aurait été placé devant les autorités de la police judiciaire pour être entendu sur procès-verbal pour la manifestation de la vérité.

Le bébé chimpanzé  âgé d’un an et demi  a été reconduit au centre de conservation des chimpanzés(CCC) dans le Parc du Haut Niger  de Faranah pour  une rééducation et réintégration de son milieu habituel. L’audience des présumés trafiquants est prévue pour le mardi 02 décembre 2015 au tribunal de première instance (TPI) de Boké pour que le droit soit prononcé dans toute sa rigueur en vue de  mettre un terme à la criminalité faunique en Guinée.

A rappeler que la Guinée est devenue en ces derniers temps, la plaque tournante de la criminalité faunique de l’Afrique. Selon un rapport de l’Interpol, de 2009 à 2012, plus de 130 chimpanzés, 10 gorilles et des bonobos ont été exportés de la Guinée vers l’Asie via les réseaux organisés.

Ainsi, de telle décision répressive prise par les autorités guinéennes, permettra de dissuader les autres trafiquants d’espèces animales intégralement et partiellement protégées en vue  de garantir un développement durable pour les générations futures.

 

                                                                                                             

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