Guinée : Chez moi, on prend le mariage mixte avec des pincettes au profit du communautarisme

30/09/2014

Guinée : Chez moi, on prend le mariage mixte avec des pincettes au profit du communautarisme

imagemariagemixteIncroyable mais vrai ! C’est du moins l’une des réalités de la Guinée en ce siècle de mondialisation. Pendant que le monde combat les replis identitaires au profit de l’intégration des cultures, certaines régions de la Guinée continuent à promouvoir le communautarisme. Les mariages mixtes sont souvent déconseillés et difficilement acceptés par les conservateurs estimant pérenniser les acquis culturels et sociolinguistiques.

Les sociétés contemporaines se donnent pour vocation, l’unification des forces et des compétences pour faire de l’intégration des cultures, une réalité. C’est dans cette optique que s’inscrivent les nouvelles technologies de l’information et de la communication(NTIC) faisant du monde un village planétaire. A travers elles, via les réseaux sociaux, les voyages, les rencontres se fructifient et les capacités se renforcent. C’est le nouvel ordre mondial qui exige une interdépendance socioculturelle dans tous les rapports sociaux des activités humaines.

Autrement dit, je dirai que les frontières de tout ordre doivent disparaitre pour servir à une ouverture et une intégration vers la civilisation de l’universel. Comme le dirait l’autre ; « La beauté du tapis dépend de la diversité de ses couleurs ».
Contrairement à cette loi irréversible et irrévocable, certains de nos parents continuent à mettre les bâtons dans les roux de leurs enfants. Quand ceux-ci, à l’âge du mariage se trouvent confrontés à toute une montagne d’obstacles.

Mes remarques sont partis d’un fait où un jeune venant de Faranah, ville située à 460km de la capitale en Haute Guinée est entrain de grincer les dents dans son projets de mariage. Selon lui, ses parents lui avaient épousé une femme au moment où il était sur les bancs de l’école. Une offre qu’il avait soumise de façon courtoise à son bienfaiteur et grand frère. Celui-ci, sans passer par le dos de la cuillère lui fit savoir qu’il ne s’opposait nullement au choix de ses parents, mais qu’il ne serait pas en mesure de le soutenir lui et sa femme sous son toit. De tractation en tractations, ce projet ne fut pas réalisé.

Dans son témoignage, il me dit qu’il a terminé ses études et est fonctionnaire de l’Eta en ces temps. Il s’est proposé un projet de mariage avec une fille Baga (une ethnie de la base côte guinéenne, à dominance chrétienne). Tout est prêt pour réaliser ce projet, quand son père du village, trouve inadmissible. Il est entre le marteau et l’enclume quand bien même, la fille et lui ont déjà mis tout en œuvre pour le mariage. Voilà que son père vient de donner son dernier mot.

Pour savoir le pourquoi le refus catégorique de son père, il me dira que ce dernier souhaiterait que son enfant épouse une fille de leur communauté, parlant la même langue et jouissant de mêmes vertus sociolinguistiques et religieuses.

Devant ce phénomène sociologique, l’on se demande où est passé l’acceptation et l’unité africaine, cette fameuse institution experte en supercherie. La mondialisation dont on parle ne veut pas dire qu’échange entre noir et blanc seulement, mais elle est tout de même locale où les unités sociologiques doivent impérativement s’accepter.

Pire, dans nos sociétés contemporaines, le phénomène est beaucoup plus cultivé par les politiques qui font des replis identitaires en encourageant la haine contre l’autre. L’on se souvent encore de tristes réalités entre la communauté malinké et peule lors du second tour de la présidentielle 2010. Les militants du rassemblement du peuple de Guinée (rpg) d’Alpha Condé, parti au pouvoir et ceux de l’union des forces démocratiques de Guinée (ufdg) du chef de file de l’opposition républicaine El hadj Cellou Dalein Diallo, étaient véritablement rentrés en confrontation intercommunautaire. Des propos de stigmatisation et de haine, tels que ‘’ kappèh’’ (igname en langue maninka, dit par les peuls aux malinké) pour dénigrer leur ethnie et yabbèrèh (taros en langue poulard) lancé par les malinké vers l’ethnie peule.

Il est vraiment temps pour les politiques et nos patrimoines culturels de s’ouvrir aux autres pour mieux bâtir une société unie et prospère. Car l’autre ne disait-il pas que ‘’ partir de nos différends pour bâtir une civilisation de l’universel ? ‘’

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