Guinée : Ebola baisse les revenus des prostituées !

14/04/2015

Guinée : Ebola baisse les revenus des prostituées !

Image prostitutionLe virus Ebola qui touche depuis décembre 2014 la Guinée, la Sierra et le Liberia en Afrique de l’Ouest continue de dicter ses lois malgré l’engagement des Etats et partenaires.  Affectant tous les aspects de la vie socioéconomique, l’épidémie ne semble pas épargner l’activité des professionnelles du sexe dans les rues de Conakry. Les revenus de ces dernières baissent et leurs conditions de vie se dégradent.

La prostitution qui est reconnue comme le plus vieux métier de la planète perdure encore dans la capitale guinéenne. Pour subvenir aux besoins vitaux, certaines jeunes filles dont la tranche d’âge varie entre 15 et 30 ans se livrent à cette pratique. Tard la nuit à Conakry, il n’est pas étonnant de rencontrer ces filles et dames habillées sexy à la recherche des clients. De l’aéroport international de Conakry Gbéssia, en passant par la route qui remonte vers Bambéto jusqu’à Cosa dans la commune de Ratoma, elles s’y trouvent quelle que soit la saison. Faisant semblant d’attendre les taxis, elles ne ratent aucune occasion pour tomber sur leur proie. Les lieux les plus réputés sont : Kaloum, cité chemin de fer dans les abords du ministère de la Jeunesse et des Sports ; Taouyah, reconnu sous le nom de ‘’Transit’’ ; Kipé vers le carrefour du centre émetteur ainsi que Bambéto’’et Matoto derrière la cité Rusal.

Vendre son corps pour de l’argent ?

Si la majeure partie de ces prostituées sont dans ce métier pour avoir de l’argent, certaines par contre le pratiquent pour un simple plaisir sexuel. Fatoumata Kanté élève de son état explique : «  Je pratique ce métier pour subvenir à mes besoins.  Je suis élève d’une école privée de la place et je dois payer les frais de mes études. Ma maman n’est pas avec mon père et quant à celui-ci, il n’a plus rien pour nous aider. Donc voilà la raison qui me pousse à me livrer aux hommes pour préparer mon avenir ».  Zenab Sow quant à elle est mère de famille, et son mari se trouve en Angleterre : « J’avais un bébé de deux mois quand mon mari m’a quittée. Aujourd’hui, cet enfant a dix ans et son père n’est pas toujours revenu. Il m’envoie de l’argent, mais cela ne suffit pas. Je suis surveillé dans la belle famille où il m’a laissée. Ainsi pour me mettre à l’aise, je sors souvent, même si le garçon ne me donne rien. L’essentiel qu’il m’attire, j’aime le plaisir charnel, je le fais avec lui et puis c’est fini », affirme-t-elle.

Quant aux prix, ils se négocient d’un point à l’autre et d’une fille à une autre. Entre 25 000 GNF, 40 000 GNF et 50 000 GNF par moment. C’est prix sont aussi cassables d’un client, une négociation est permise. Dans le cadre de la lutte contre l’épidémie, l’urgence sanitaire avait été décrétée par les autorités gouvernementales et sanitaires en interdisant les regroupements et les rites traditionnels, mais ces mesures n’ont pas connu long feu.

Lors d’une promenade nocturne, nous voici à 22 heures au carrefour de ‘’Transit’’ à Taouyah dans la commune de Ratom. C’est une jeune fille qui vient à  notre rencontre : « Bonsoir joli garçon, et veux-tu blaguer un peu avec moi ? Ce n’est pas si cher comme tu penses, juste 40 000 GNF ». Pendant que nous cherchons à négocier pour la nuit arrive un autre groupe qui casse le prix de la première. Pour chacune d’elle, 20 000 à 25 000 GNF. Une chaude discussion s’engage et nous profitons de la situation pour s’éclipser. A 2 heures du matin,  la curiosité nous ramène à l’intérieur d’un bar connu, ‘’Le bar Nzérékoré’’ situé au carrefour de l’ex-‘’Hôtel Gbéssia’’ sur la transversale aéroport et Bambéto. Là, deux chambres de passage sont disponibles et les clients sont en file d’attente. Il y a plus de clients que de chambres. De 15 000 à 2 0 000 suffisent largement. Vers 3 heures du matin,  nous revenons à l’aéroport où la situation est rocambolesque. Une femme d’une trentaine d’années nous interpelle : « Salut, êtes-vous prêts à vous réchauffer ? » Nous engageons la discussion. Mère de 3 enfants, selon elle, elle est obligée de se plier à cette pratique pour payer les frais d’études de ses enfants, car personne ne lui vient en aide. Tout de même, elle reconnaît la gravité de ce qu’elle fait et le risque auquel elle s’expose, mais elle déplore : « Avant Ebola, mon revenu nocturne avoisinait 250 000 à 300 000 GNF. Maintenant, tout le monde a peur et les clients viennent rarement, nous sommes obligées de casser les prix pour trouver au moins quoi manger le lendemain » .

De l’avis de spécialistes, les liquides biologiques, les contacts directs avec un malade d’Ebola, le lavage des corps de victimes d’Ebola, le sperme et la consommation de la viande de brousse constituent des voies de contamination. Si la lutte contre Ebola est une préoccupation majeure des trois pays touchés par Ebola en Afrique de l’Ouest, il faut reconnaître que la présence du virus a causé une chute importante des revenus de certains professionnels du sexe en Guinée en cette phase terminale de l’épidémie.

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