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Guinée : Chez moi, on prend le mariage mixte avec des pincettes au profit du communautarisme

imagemariagemixteIncroyable mais vrai ! C’est du moins l’une des réalités de la Guinée en ce siècle de mondialisation. Pendant que le monde combat les replis identitaires au profit de l’intégration des cultures, certaines régions de la Guinée continuent à promouvoir le communautarisme. Les mariages mixtes sont souvent déconseillés et difficilement acceptés par les conservateurs estimant pérenniser les acquis culturels et sociolinguistiques.

Les sociétés contemporaines se donnent pour vocation, l’unification des forces et des compétences pour faire de l’intégration des cultures, une réalité. C’est dans cette optique que s’inscrivent les nouvelles technologies de l’information et de la communication(NTIC) faisant du monde un village planétaire. A travers elles, via les réseaux sociaux, les voyages, les rencontres se fructifient et les capacités se renforcent. C’est le nouvel ordre mondial qui exige une interdépendance socioculturelle dans tous les rapports sociaux des activités humaines.

Autrement dit, je dirai que les frontières de tout ordre doivent disparaitre pour servir à une ouverture et une intégration vers la civilisation de l’universel. Comme le dirait l’autre ; « La beauté du tapis dépend de la diversité de ses couleurs ».
Contrairement à cette loi irréversible et irrévocable, certains de nos parents continuent à mettre les bâtons dans les roux de leurs enfants. Quand ceux-ci, à l’âge du mariage se trouvent confrontés à toute une montagne d’obstacles.

Mes remarques sont partis d’un fait où un jeune venant de Faranah, ville située à 460km de la capitale en Haute Guinée est entrain de grincer les dents dans son projets de mariage. Selon lui, ses parents lui avaient épousé une femme au moment où il était sur les bancs de l’école. Une offre qu’il avait soumise de façon courtoise à son bienfaiteur et grand frère. Celui-ci, sans passer par le dos de la cuillère lui fit savoir qu’il ne s’opposait nullement au choix de ses parents, mais qu’il ne serait pas en mesure de le soutenir lui et sa femme sous son toit. De tractation en tractations, ce projet ne fut pas réalisé.

Dans son témoignage, il me dit qu’il a terminé ses études et est fonctionnaire de l’Eta en ces temps. Il s’est proposé un projet de mariage avec une fille Baga (une ethnie de la base côte guinéenne, à dominance chrétienne). Tout est prêt pour réaliser ce projet, quand son père du village, trouve inadmissible. Il est entre le marteau et l’enclume quand bien même, la fille et lui ont déjà mis tout en œuvre pour le mariage. Voilà que son père vient de donner son dernier mot.

Pour savoir le pourquoi le refus catégorique de son père, il me dira que ce dernier souhaiterait que son enfant épouse une fille de leur communauté, parlant la même langue et jouissant de mêmes vertus sociolinguistiques et religieuses.

Devant ce phénomène sociologique, l’on se demande où est passé l’acceptation et l’unité africaine, cette fameuse institution experte en supercherie. La mondialisation dont on parle ne veut pas dire qu’échange entre noir et blanc seulement, mais elle est tout de même locale où les unités sociologiques doivent impérativement s’accepter.

Pire, dans nos sociétés contemporaines, le phénomène est beaucoup plus cultivé par les politiques qui font des replis identitaires en encourageant la haine contre l’autre. L’on se souvent encore de tristes réalités entre la communauté malinké et peule lors du second tour de la présidentielle 2010. Les militants du rassemblement du peuple de Guinée (rpg) d’Alpha Condé, parti au pouvoir et ceux de l’union des forces démocratiques de Guinée (ufdg) du chef de file de l’opposition républicaine El hadj Cellou Dalein Diallo, étaient véritablement rentrés en confrontation intercommunautaire. Des propos de stigmatisation et de haine, tels que ‘’ kappèh’’ (igname en langue maninka, dit par les peuls aux malinké) pour dénigrer leur ethnie et yabbèrèh (taros en langue poulard) lancé par les malinké vers l’ethnie peule.

Il est vraiment temps pour les politiques et nos patrimoines culturels de s’ouvrir aux autres pour mieux bâtir une société unie et prospère. Car l’autre ne disait-il pas que ‘’ partir de nos différends pour bâtir une civilisation de l’universel ? ‘’


Guinée : La barbarie de Womey sur une équipe de sensibilisation à Ebola continue à défrayer la chronique !

imagewomeyLe 16 septembre dernier une équipe de sensibilisation pour la riposte à Ebola a été prise à partie par un groupe mal intentionné dans la sous préfecture de Womey, au sud de la Guinée. Bilan : 8 morts, plusieurs blessés graves et d’importants dégâts matériels. Dès lors, l’actualité reste dominée par cette situation criminelle à la fois crapuleuse où chacun tente de donner son avis.

De par des évènements macabres de Zogota en août 2012 en passant par des affrontements criminels intercommunautaires de Galapaye en 2013 jusqu’à la toute récente attaque d’une équipe de sensibilisation contre le plus dangereux virus Ebola, la région forestière est devenue en ces derniers temps, le théâtre de violences et d’actes criminels.
Le récent évènement en date du 16 septembre dernier, a été perpétré sur une équipe de sensibilisation de riposte à Ebola à Womey, située à 50 km de N’Zérékoré. Contre toute attente, l’équipe fut prise à partie par un groupe sorti de l’ombre. Des jets de pierres au départ, en suite les tueries. Une panique s’installe, c’est le ‘’ sauve qui peut’’. Pour dissimuler les traces de l’acte barbare, ces assaillants ont jeté les corps des victimes dans une fosse septique d’une école. Une scène qui sera comprise par la suite et seront sortis de là pour bénéficier les rituels funéraires accompagnés de tous les honneurs.
Je me permets à travers ce billet, nominer ces martyrs qui ont perdu la vie au front contre l’épidémie Ebola. M.Moriba Touré ; sous-préfet de Womey ; Dr Ibrahima Fernandez, directeur préfectoral de la santé(DPS) ; Dr Ibrahima Saliou Barry, directeur général adjoint de l’hôpital régional de N’Zérékoré ; Pépé Kpogohomou, chef du centre de santé de Womey ; Moise Mamy, pasteur évangéliste à N’Zao ; Molou Chérif, technicien à la radio rurale de N’Zérékoré ; Sidiki Sidibé, technicien stagiaire à la radio rurale de N’Zérékoré et Facely Camara, journaliste de FM Liberté.
Devant ce crime organisé par certains individus de la sous-préfecture de Womey, le gouvernement à travers une forte délégation a participé à l’inhumation des corps des victimes dans la forêt du 1er mai à N’Zérékoré. A travers une déclaration lue sur les ondes des médias publics, le gouvernement a condamné avec fermeté cet acte ignoble et crapuleux tout en ouvrant des pistes d’enquêtes pour traquer les principaux responsables de cet acte ignoble pour qu’ils soient soumis à la rigueur de la loi.
Dans les cafés bars, les lieux publics et sur des antennes des stations de radios privées de la capitale, l’actualité reste dominée par les commentaires de ce crime organisé dans la région forestière. Tout au long de ces analyses de la situation, on peut comprendre de façon générale que, le manque de leadership des autorités à la base serait à l’origine de cet incident crapuleux. Car estime-t-on, s’il y avait une bonne communication responsable bien avant le départ de l’équipe en préparant les esprits, le pire serait évité. Puisque certaines personnes sont encore incrédules face à l’existence du virus qu’elles qualifient d’être une invention biologique.
Selon un hebdomadaire guinéen, les humanitaires de MSF, ne sont pas de tout surpris de cet acte barbare: « Non ce n’était pas une surprise. Les gens disent tout le temps que la maladie est un mensonge et nous accusent d’être payés par les blancs pour les tuer. ».
Face à la propagation recrudescence de l’épidémie dans la région forestière, l’équipe de MSF, après avoir regretté le comportement des citoyens de Macenta, ville située dans la même région, qui s’étaient attaqué à eux, s’engage tout de même pour continuer la lutte : « Quand nous avions commencé ici, les gens ne nous croyaient pas, ils pensaient que MSF était là pour les intoxiquer et leur faire du mal. Ils ont lancé des cailloux, bloqué des voitures. MSF s’est retiré, la maladie est revenue. Les gens ont vu la vérité, ils ont demandé pardon.».
Il est temps pour que les autorités du pays mettent en avant la loi pour la garantie des libertés publiques et du respect des droits humains. Car, si toute fois les coupables des victimes de Zogota continuent de vivre en paix sans inquiétude, je crains à ce que les arrestations qui continuent du côté de Womey ne soient pas un feu de paille.


Conakry : Les ordures et immondices au rendez-vous du quotidien guinéen !

ptoto credit: avenue225
ptoto credit: avenue225

Si l’existence de l’épidémie à virus Ebola est de nos jours devenue une situation préoccupante en Guinée, il n’en demeure pas moins que certaines victimes dans nos centres hospitaliers ne sont que celles d’Ebola. Pour cause, la présence des tas d’immondices et des eaux usées servant de nids de microbes dangereux pour la santé des populations. Et cela, sous l’œil indifférent des autorités en charge.

La santé de la population dépend tout d’abord de la propriété de l’environnement dans lequel on vit, dit-on souvent. Cette réalité, loin d’être une vaine affirmation, est devenue une préoccupation pour certains Etats soucieux de la santé de leurs populations.

En faisant un tour sur les lieux publics et au long des carrefours à Conakry, les tas d’immondices et d’eaux usées te bousculent le passage, comme pour dire, bienvenue dans mon territoire.

Du marché Enta dans la commune de Matoto en passant par celui d’Enta, sans oublier la montagne d’ordures du carrefour du marché de Matoto jusqu’au grand marché commercial de madina, c’est le pire qui s’y trouve. Des marchands ambulants et des étalagistes à la recherche du quotidien, prennent le taureau par les cornes en y vivant.
Quant à la gestion de ces ordures, mon œil. On se demande dans quelle capitale vivons-nous ? Et où sont les autorités en charge du ramassage des ordures ?
Ces questions à la fois préoccupantes et nécessaires pour le citoyen, sont foulées du pied par le gouvernorat. Pour Soriba Sorel Camara, actuel gouverneur de la ville de Conakry et ancien cacique du parti de l’unité et du progrès(PUP) de Lansana Conté, ces questions relevant de l’assainissement ne semblent pas encore trouvées de bonnes réponses. Car, à en croire à ses déclarations et ses sorties médiatiques régulières, il semble bien jouer le rôle de troubadours aguerri aux commandes de son patron. Je veux clairement dire que ses discours sont d’autant politiques que ceux allant dans le sens de l’action pour faire de Conakry, une ville propre, où il fait bon à vivre.

Dans les centres hospitaliers, beaucoup de cas de maladies liées à cette insalubrité sont fréquemment diagnostiquées, fort malheureusement assimilées à Ebola. Chez nous, pas question d’avoir des céphalées, de fièvre ou de palu, de risque d’être mis en quarantaine au centre hospitalo-universitaire( CHU) de Donka. Je me demande, si ces agents de santé et médecins ne connaissent plus d’autres maladies qu’Ebola ? On sent et on voit Ebola partout et en tout homme. Malgré l’africanité qui nous impose quelques rituels coutumiers en ce qui concerne se serrer les mains, nous sommes obligés de vivre à l’européenne, (salut-salut), et la suite, on connait.

La semaine dernière, une mort s’est survenue dans un lycée de la place où la victime venait de Guékédou, ville située à 600km de la capitale et considérée de nos jours comme l’épicentre du virus Ebola. C’est tout un personnel de l’établissement qui avait pris la poudre d’escampette. Après les prélèvements et analyses biomédicales par l’équipe de la santé, il s’est avéré que la victime était négatif à Ebola et souffrait d’autres complications cardiovasculaires qui l’ont conduit à la mort.
Autre fait marquant, c’est une femme abandonnée seule devant sa véranda que je croise et qui souffrait d’une forte fièvre. Toute la cours l’avait évitée et tous les commentaires étaient autour d’Ebola. Il a fallu la présence d’un de ses cousins médecin qui a pris le soin de la consulter pour se rassurer qu’elle ne présentait aucun signe à virus Ebola et qu’elle souffrait du paludisme. c’est par la suite que la femme a trouvé la vie sauve. Derrière la cours de cette famille, c’est une montagne d’ordures qui est longtemps restée sans la moindre présence du service de ramassage de la commune. Pourtant, le gouvernorat ne manque pas de financement pour faire de notre capitale, un endroit sain et propre.

Il est temps pour que les autorités revoient la situation de cette insalubrité qui est devenue grandissante dans notre capitale dont certaines victimes sont de nos jours assimilées au virus Ebola. Car la santé, dépend en tout premier lieu du milieu dans lequel on vit.